Les professionnels de la finance sont de plus en plus nombreux à recommander d’acheter des obligations chinoises.
Dans cet article, nous verrons pourquoi la dette chinoise est l’un des meilleurs placements de 2021, comment et par quel intermédiaire investir dans ces obligations et quels sont les risques que vous devriez connaître
En fin d’article, je vous expliquerai comment je répartis le risque entre mes obligations chinoises et mes actions, et pourquoi il est nécessaire de disposer de ces deux classes d’actifs dans son portefeuille.
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Pourquoi faut-il acheter des obligations chinoises ?
1. Le problèmes des taux européens et américains
Depuis 2008, la BCE et la FED n’ont cessé de baisser leurs taux d’intérêt respectifs, afin de soutenir leurs économies.
A cela se sont ajoutés des programmes de Quantitative Easing : il s’agit d’opérations durant lesquelles une banque achète des titres sur les marchés financiers (principalement des obligations d’états) afin d’injecter des liquidités dans l’économie.
Ces mesures ont pour effet de gonfler le prix des obligations sur les marchés financiers, et donc, d’en réduire leur rendement, puisque ces deux éléments évoluent dans des sens contraires.
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Mais cela nous a conduit à une situation jamais rencontrée dans l’histoire : certains pays, comme l’Allemagne (dont les obligations sont considérées comme les placements les plus sûrs d’Europe), peuvent emprunter de l’argent à un taux négatif.
Il s’agit donc d’un casse tête financier, puisque cela pousse les gérants d’actifs à prendre plus de risque, que ce soient en investissant dans des actions, ou en achetant des obligations plus risquées, pour obtenir un rendement supérieur.
Mais ce n’est pas tout, car l’inflation aggrave ce problème. Elle érode encore plus le rendement de la dette. C’est la raison pour laquelle les taux d’intérêt ont augmenté un peu partout dans le monde en 2021 et s’envolent en 2022 !
Ainsi, les obligations d’États européens sont donc sûrs de vous faire perdre de l’argent. Il faut se tourner vers l’Asie pour retrouver des rendements positifs, sans avoir à prendre de risques supplémentaires.
2. Un excellent couple rendement/risque
Au 21 décembre 2021, le rendement des obligations chinoises, d’une maturité de 10 ans, est d’environ 2,876%, contre 0,048% pour la France et -0,319% pour l’Allemagne
Pourtant, cet écart peine à se justifier par la différence de solvabilité de ces Etats, puisque Standard & Poor’s a attribué la note de A+ à la Chine, légèrement moins bonne que la nôtre (AA-) ou celle de nos voisins d’outre-Rhin (AAA).
Même si les spreads se sont resserrés au cours de l’année 2021, suite aux inquiétudes concernant l’inflation, cet écart de performance de près de 3% reste abyssal, alors que la prise de risque supplémentaire est minime.
Si l’on souhaite rester en Europe, la dette italienne à 10 ans ne rémunère qu’environ 0,998%, alors que sa note de crédit est mauvaise : avec son triple B, elle n’est pas loin de basculer dans la classification “dette spéculative” !
3. La nécessité de diversifier ses actions
Si certains n’hésitent plus à détenir un portefeuille composé à 100% d’action, cela reste une stratégie risquée.
Il est donc souhaitable pour chaque investisseur de détenir une partie de son capital, certes minime, en obligations.
La Chine est aujourd’hui la seule grande puissance mondiale à offrir de la dette avec une rémunération correcte, sans être trop risquée.
Comment le marché des capitaux chinois est-il structuré ?
Dans le cadre de son plan quinquennal, la Chine a assoupli sa politique en matière d’investissement.
Cette levée des restrictions sur la circulation du capital, ainsi que le rebond de l’économie à la suite de la pandémie de covid-19 a fait exploser la demande des investisseurs étrangers pour les actifs chinois.
Mais pour comprendre pourquoi il est difficile pour un investisseur étranger de souscrire à un emprunt d’état chinois, il convient tout d’abord de comprendre la structure de ses marchés financiers.
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1. Shangaï & Shenzen, la bourse des actions de classe A
Pour ne pas faciliter les choses, la Chine dispose de deux bourses de valeurs.
Toutes deux établies en 1990, il n’est pas facile pour les investisseurs de comprendre la différence entre la bourse de Shangaï, et celle de Shenzen.
Ces marchés abritent les actions de classe A, dont la particularité est … d’être inaccessibles aux investisseurs étrangers !
Libellées en yuan, ces actions font partie du système dit « on-shore ».
Elles diffèrent des actions de classe B qui sont elles, cotées en devise étrangères, que ce soit en dollars américains ou en dollars de hong-kong, toujours à Shangaï ou à Shenzen.
Les actions de classe H quant à elle, sont des actions d’entreprises chinoises, mais cotées sur des marchés étrangers, que ce soit à la bourse de Hong-Kong ou au Nasdaq.
2. Hong-Kong : entre onshore et offshore
L’ancienne colonie britannique est un territoire à part entière, qui a gardé une souveraineté sur certains aspects.
L’existence d’un système bancaire et financier indépendant conduit les investisseurs et les entreprises chinoises à y lever des capitaux, pour de multiples raisons.
Hong-Kong joue en quelque sorte le rôle d’intermédiaire entre la Chine et le reste du monde, puisque les règles financières y sont bien plus souples.
Depuis, un système nommé « Bond Connect » permet désormais aux sociétés de gestion de négocier des obligations on-shore, en passant par Hong-Kong, permettant ainsi de démocratiser l’utilisation des emprunts d’état chinois dans les stratégies d’investissement.
3. Et le marché obligataire chinois dans tout ça ?
Mais il ne faudrait pas croire que la Chine s’est lancée dans l’ouverture de son capital pour une simple question de croissance économique : son projet est plus ambitieux.
La Chine est le principal créancier des Etats-Unis, et remet en question les rapports de force existants, se traduisant par une escalade des tensions économiques, la fameuse « guerre commerciale ».
Les conditions de l’Empire du Milieu sont simples : imposer le yuan comme une monnaie de référence internationale, au même titre que le dollars.
Les 3 risques de la dette chinoise
Les obligations restent malgré tout un placement risqué, dont le capital n’est pas garanti, et il faut être conscient des risques que l’on encourt.
1. Le risque de défaut
Bien que la Chine soit la nation la plus puissante d’Asie, il existe toujours une probabilité, aussi faible soit-elle, que l’empire du milieu fasse défaut, et donc, soit incapable de rembourser sa dette.
Bien que les estimations ne soient pas précises, les chiffres concernant la dette chinoise fluctuent autour de 50% du PIB.
En fouillant sur internet, vous trouverez que certains médias rapportent des chiffres de l’ordre de 300% du PIB : il s’agit en réalité du marché total de la dette chinoise, comprenant les prêts accordés aux entreprises et aux ménages.
Ce chiffre est donc complètement inapproprié, car il ne concerne pas l’Etat chinois, mais l’ensemble de la population : au passage, on trouverait un résultat similaire en Europe et aux Etats-Unis si l’on venait à faire ce calcul.
2. Le risque sur les taux d’intérêt
Bien que la Banque Centrale de Chine, à l’instar de ses consoeurs, poursuit également une politique de baisse des taux d’intérêt depuis près de 9 ans, nous ne sommes pas à l’abri d’une remontée surprise de son taux directeur, qui pourrait pénaliser le marché.
Néanmoins, ce scénario est peu probable et surtout, une hausse d’un quart ou d’un demi point de pourcentage aurait un impact limité, puisque le dernier taux connu est de 3,85%.
3. Le risque sur le taux de change
La principale menace concernant la dette chinoise vient du taux de change. En effet, une rapide recherche vous montrera que l’euro s’est apprécié face au yuan au cours des 5 dernières années.
Pourtant, la monnaie unique se déprécie bel et bien depuis 20 ans, et les décisions de la banque centrale européenne ne vont pas inverser la tendance.
Comment acheter des obligations chinoises et quel intermédiaire choisir ?
1. Quel montant ?
Un investisseur détenant plusieurs lignes d’obligations pourrait y allouer 5% de son portefeuille, tandis qu’un autre, positionné exclusivement sur les actions, et disposant d’un montant conséquent de liquidités, pourrait se satisfaire d’une répartition de 15%.
Néanmoins, le montant dépendra avant tout de la taille de votre portefeuille. Puisqu’il s’agira d’opérations sur des marchés étrangers, les frais pourraient être élevés.
Il s’agit également d’un produit moins liquide, et qui requiert donc plus d’expérience. Ainsi, les obligations chinoises se révéleront être accessibles pour des portefeuilles ayant passé le cap des 25 000€.
2. Acheter des obligations chinoises sur le marché obligataire chinois
Si votre courtier vous le permet, le mieux est d’acheter vos obligations directement en Chine !
Vous aurez alors accès à des obligations chinoises en dollar américain et en yuan offshore (la Chine dispose de deux devises : le Yuan Renminbi, noté CNY ou RMB qui est la monnaie locale, et le Yuan Offshore, noté CNH, qui est la monnaie utilisable par les investisseurs étrangers).
Mais il existe un problème : le ticket d’entrée s’élève à 200 000 USD (soit 163 289 EUR) pour les obligations nominées en dollar, et 10 000 000 CNH (1 228 098 EUR), pour leur équivalent en yuan !
Avec de tels montants, l’accès au marché obligataire chinois sera réservé à une minorité d’investisseurs étrangers fortunés.
3. Acheter un ETF pour les investisseurs étrangers
J’ai donc personnellement opté pour une solution plus simple : acheter un ETF.
J’utilise le iShares China CNY Bond UCITS ETF, qui contient exclusivement des obligations de l’Etat et d’institutions gouvernementales chinois.
Même si 100% des obligations détenues dans ce fonds sont nominées en yuan, ce dernier est distribué en dollar américain : il existe donc un double risque de change.
Son échéance pondérée est de 7,55 années permet un bon compromis entre rendement et risque.
Toutes les informations sont disponibles sur le site de BlackRock !
pour ceux qui ne souhaitent pas VanEck ou Blackrock(ishares), il y aussi des ETF chez DWS (Deutsche bank) – LU1094612022, LGIM (IE000F472DU7), UBS (LU1808704073) et CSOP AM pour des dollars hongkongais ou singapouriens.