Que vous soyez un investisseur débutant ou expérimenté, il vous faut savoir quoi faire en cas d’OPA. En effet, lorsque l’on investit en bourse, c’est pour profiter de la croissance des entreprises.
Or, cette croissance peut se faire de manière interne, lorsque l’entreprise se développe sur un marché, offre des produits innovants et gagne de nouveaux contrats, ou bien de manière externe, par l’acquisition d’autres sociétés.
Dans cet article, nous allons comprendre le déroulement d’une telle opération, et je vais vous expliquer comment réagir en cas d’OPA. Je vous donnerai des pistes de réflexion pour savoir quoi faire selon la situation !
I / Comment fonctionne une OPA ?
1. Qu’est ce qu’une OPA ?
Une OPA est une opération visant à prendre le contrôle d’une société. Pour se faire, l’entreprise initiatrice appelle les actionnaires de l’entreprise cible à lui vendre leurs titres, à un prix bien sûr avantageux.
Une OPA peut être amicale lorsque la société cible approuve l’opération et invite ses actionnaires à livrer leurs titres, ou bien hostile, dans le cas où les dirigeants s’opposent, et cherchent activement à contrer l’opération.
Il existe également des Offres Publiques d’Échange (OPE) au cours desquelles les actionnaires perçoivent des actions de la société initiatrice en échange de leurs titres de la société cible.
2. Les règles et le déroulement d’une OPA
Sachez qu’il existe de nombreuses règles concernant les OPA.
L’AMF impose à tout actionnaire de formuler une offre publique obligatoire en cas de franchissement du seuil des 30% du capital ou des droits de vote.
De plus, tout actionnaire doit déclarer franchissement du seuil des 5%, 10%, 15%, 20% et du capital ou des droits de vote. A part pour le palier des 5%, tout franchissement de seuil doit s’accompagner d’une déclaration d’intention pour les 6 prochains mois.
Pour lancer une OPA, l’initiateur doit déposer un dossier auprès de l’AMF, qui dispose de 10 jours boursiers pour valider ou refuser le projet.
Enfin, détenir plus de 90% du capital ou des droits de vote d’une société ouvre la porte à une offre publique de retrait : cette dernière devient obligatoire au-delà de 95%.
Pour en savoir plus sur le déroulement, n’hésitez pas à consulter ce rapport de l’AMF.
3. Les conséquences d’une OPA
Si les actionnaires aiment autant les OPA, c’est pour une bonne raison.
Tout d’abord parce que cela est bénéfique pour les cours de bourse. Une OPA est en quelque sorte une bataille boursière !
Le scénario de ces opérations peut se révéler être complètement fou !
Dans le cadre d’une OPA hostile, l’entreprise cible va chercher à faire monter les enchères au maximum pour que le potentiel acquéreur se rétracte. D’autres entreprises peuvent se montrer intéressées et faire une contre-OPA.

II / Que faire en cas d’OPA ?
Ça y est, une OPA a été lancée sur un de vos titres, et son cours a fortement progressé !
Félicitations ! Mais avant de crier victoire trop vite, passons en revue les différentes options qui s’offrent à vous.
1. Vendre
L’OPA peut échouer pour de multiples raisons. L’exemple le plus récent est celui de Carrefour, qui a été la cible d’une OPA amicale du groupe canadien Couche-Tard.
Malheureusement, l’opération a tourné court, puisque le gouvernement français s’est opposé, pour des raisons de souveraineté nationale.
Dès lors, si vous réfléchissiez à vendre vos titres avant même que l’opération débute, cette dernière s’avère être une formidable porte de sortie.
Dans ce cas, la priorité est de sécuriser vos gains. Peu importe la suite, vous éviterez une déconvenue si l’opération n’aboutit pas. Normalement, le cours avoisinera de très près le prix proposé par la société initiatrice.
Vous avez peur que l’initiateur se retire ou que l’opération avorte ? Vous avez besoin de trésorerie rapidement ? Dans ce cas, vendre vos titres au prix du marché est la meilleure option.
2. Apporter vos titres
Si vous souhaitez malgré tout conserver vos titres, mais que l’offre vous paraait intéressante, vous pouvez attendre que l’opération soit confirmée, et apporter vos titres à la société initiatrice.
Cela vous permettra de clôturer proprement votre position car vous éviterez les frais de transactions de votre courtier. Cela vous permettra de gagner du temps, en espérant par exemple une contre-offre.
Pour cela, rien de compliqué. Il vous suffira de vous rendre dans l’onglet “Opération sur Titre” de votre courtier. Celui-ci vous notifiera probablement si une opération concerne l’un de vos titres.
Il ne vous restera plus qu’à cliquer sur le bouton “Apporter les titres” et votre intermédiaire se chargera du reste.
Vous n’êtes pas pressé de vous séparer de vos actions, et vous espérez qu’une contre-offre plus intéressante arrive sur la table ? Dans ce cas, laissez-vous du temps, et attendez les derniers jours de l’opération pour apporter vos titres.
3. Conserver
Si malgré tout l’opération ne vous convainc, vous avez parfaitement le droit de conserver vos titres.
Il existe de multiples raisons valables. Le prix proposé peut être décevant, les dirigeants de l’entreprise, en qui vous avez confiance, s’opposent à la transaction ou bien vous souhaitez simplement rester actionnaire de l’entreprise, même si la liquidité du titre sera bien plus faible.
Rien n’empêchera la société initiatrice, ou même un concurrent, de formuler une seconde offre, plus convaincante cette fois, pour sécuriser l’intégralité du capital.
Il faut donc bien savoir ce que l’on fait, et de temps en temps, il faudra avoir des nerfs solides.
Enfin, si vous souhaitez malgré tout conserver vos titres malgré le succès de l’OPA, soyez conscients que cela est contre vos intérêts d’actionnaire individuel.
Inutile de jouer aux cowboys face aux multinationales : il faut parfois coucher ses cartes !
Vous êtes persuadés que l’offre est trop faible ? De gros actionnaires sont insatisfaits des conditions de l’offre ? Vous ne voulez pour rien au monde vous séparer de vos actions ? Garder vos titres en portefeuille, mais prenez le risque de manquer l’occasion de sortir avec une belle plus-value, ou de vous retrouver coincé, faute de liquidité.
III / Comment repérer une OPA ?
Investir dans une entreprise qui peut être la cible d’une OPA est une opportunité de booster le rendement de son portefeuille.
En principe, il vaut mieux détenir des actifs désirables en portefeuille, à condition que cela ne soit pas l’unique motivation de votre investissement !
Ce n’est pas parce qu’une entreprise dispose du profil idéal qu’elle fera forcément l’objet d’une OPA.
1. Une valorisation faible
Le critère fondamental : il ne peut exister d’OPA sans une décote plus ou moins justifiée de l’action. Il s’agit d’une opération risquée, alors il est nécessaire de faire une bonne affaire.
D’ailleurs, les actionnaires sanctionnent lourdement les entreprises initiant des OPA à des prix jugés excessifs : ces titres peuvent perdre jusqu’à 15%, comme ce fût le cas pour Atos en janvier 2021.
Idéalement, la valorisation de l’entreprise doit être faible soit par rapport à sa valorisation historique. C’est par exemple ce qui a poussé Fiat a proposé une fusion entre égales à Renault, dont le cours était historiquement très faible. Le constructeur au losange avait d’ailleurs refusé la proposition, arguant à juste titre qu’il s’en retrouverait biaisé.
2. Un bilan sain, beaucoup d’actifs tangibles et peu de dette
Plus l’entreprise est endettée, plus le coût de l’opération sera élevé. En effet, la valeur d’une entreprise est égale à la somme de sa capitalisation boursière et de sa dette.
L’acquisition d’une entreprise à un prix supérieur à ses fonds propres (sa valeur comptable) donne lieu à la création de goodwill au bilan de la société initiatrice. Bien que cela soit classifié comme un actif, il ne s’agit en réalité que d’un artifice comptable !
La goodwill permet seulement d’équilibrer le bilan.
Cet écart entre le prix d’acquisition et la valeur comptable peut se justifier, selon les perspectives de croissance, les synergies ou une image de marque stratégique.
Mais puisque l’intérêt d’une OPA est d’acheter des actifs intéressants, comme du cash ou des actifs tangibles, il est peu probable qu’une entreprise soit la cible d’une OPA si la valorisation de cette dernière est déjà généreuse.
3. Des concurrents plus gros, un historique fourni dans l’industrie
Dans certaines industries, les opérations de croissance externe sont communes. Il s’agit de secteur d’activité disposant d’une multitude d’acteurs, internationaux et de tailles diverses.
Voilà quelques critères pour les repérer :
- Les acteurs sur le marché sont nombreux et de tailles variables. Leur présence est également internationale
- L’activité est intensive en capital
- Ces entreprises ont régulièrement recours aux marchés financiers.
Si un secteur d’activité dispose de ces caractéristiques, faites quelques recherches sur les différentes opérations
On pourrait donner comme exemple les secteurs énergétique ou minier. L’industrie de la Défense a elle aussi connu une grande consolidation à la fin de la guerre froide.
4. Un capital ouvert et des dirigeants à l’écoute, surveillez les mouvements de capitaux
Pour qu’une OPA réussisse, il est primordial que le capital soit éclaté, et que les actionnaires majoritaires ne soient pas très puissants. Il en sera d’autant plus facile pour acquérir le capital.
Plus le capital est réparti entre un grand nombre d’actionnaires, plus il est difficile de s’accorder sur une défense des intérêts de chacun, et moins il est intéressant de s’opposer à l’opération.
A l’inverse, les groupes familiaux ont pour ambition d’être maintenus entre les mains d’un petit nombre de personnes. Si cela rend impossible les perspectives d’une OPA sur le titre, ne soyez pas déçu !
En effet, les groupes familiaux ont une très bonne réputation en bourse. Traditionnellement, ils sont dirigés avec une optique de très long-terme, par des gens compétents et passionnés par leurs métiers.Des études ont même prouvé que les actions de ces entreprises surperforment leurs marchés de référence !
Conclusion : le grand frisson de l’OPA
Investir dans des entreprises qui pouvant être la cible d’OPA est lucratif … si la chance tourne en votre faveur !
Mais pour cela, encore faut-il choisir les bonnes valeurs : hélas, acheter des actions dans l’espoir qu’une OPA soit annoncée ne fonctionne pas.
Dans ma newsletter, j’aide des centaines d’investisseurs particuliers, chaque semaine, en leur démontrant les bonnes pratiques pour analyser une entreprise cotées, grâce à des exemples tirés de mon portefeuille personnel.