Un krach boursier est toujours un moment difficile à vivre. On a l’impression qu’il n’y a plus d’espoir, et les gens paniquent dans tous les sens. Mais le vrai problème est que, lorsque les cours s’effondrent, il est difficile de prendre la bonne décision.
Ne pas le faire peut entraîner des pertes durables qui mineront la performance de votre portefeuille. Ce qui vous manque, c’est une checklist et un plan d’action clairs sur lesquels vous pouvez vous appuyer en cas de dégringolade boursière.
Si vous êtes comme la plupart des investisseurs particuliers et que vous avez investi dans des actions parce que vous avez été attiré par la hausse généralisé du marché, alors vous devez savoir quoi faire lorsque ces derniers s’effondreront afin que votre portefeuille ne soit pas anéanti.
Dans cet article, j’aborderai quelques stratégies de base pour protéger votre portefeuille lorsque les cours chutent, je vous donnerai quelques conseils pour rester à flot pendant les périodes de turbulence et je vous dirai même comment rebondir mieux que les autres investisseurs !
I/ Pourquoi le marché s’effondre-t-il ?
Qu’est-ce qui est considéré comme un krach boursier ?
Un krach boursier est communément défini comme une baisse de plus de 10% des principaux indices boursiers en quelques jours, disons 10 jours de bourse.
Il est quantifié par trois éléments :
- son intensité, l’ampleur de la chute
- son timing, le nombre de jours sur lesquels elle s’est produite
- sa volatilité, le fait que la baisse soit linéaire ou qu’il y ait de violents rebonds
Bien qu’il puisse y avoir de nombreuses explications exogènes aux krachs boursiers (une guerre ou l’apparition d’un virus, ça vous dit quelque chose ?), elles partagent toutes une variable constante: puisqu’un krach boursier résulte toujours d’une vente soudaine et de grande ampleur, il traduit un revirement dans la psychologie des investisseurs.
Comme Benjamin Graham l’écrit dans L’Investisseur Intelligent : « Le principal problème de l’investisseur, et même son pire ennemi, est probablement lui-même. »
Pour atteindre des résultats exceptionnels, un investisseur doit faire face à sa propre irrationalité.
Plus facile à dire qu’à faire.
Car même s’ils ne l’admettent jamais, les investisseurs « vendent par peur et achètent par cupidité ».
Le sujets des cycles boursier et de la psychologie des investisseurs est également abordé en détail dans le livre d’Howard Marks intitulé « Market Cycles« .
À titre d’exemple, le krach de 2008 s’est produit parce que personne n’a jamais imaginé (ou voulu imaginer) ce qui se passerait si les choses tournaient mal avec le prix de l’immobilier et le recouvrement des prêts hypothécaires.
L’économie, et la finance en particulier, est construite sur des attentes. Tout est une question de prévisions. Il suffit de constater que les analystes accordent plus d’attention aux écarts de résultats trimestriels qu’aux chiffres réels.
Et lorsque les attentes ne sont pas satisfaites, et que l’économie ralentit naturellement, les gens réagissent mal.
Tout est une question de psychologie : nous, les humains, aimons que les choses soient en ordre et sommes dégoûtés par le chaos. Nous embrassons la certitude et refusons le hasard.
Un krach boursier est toujours une question de prix
Mais un krach ne se produit pas seulement parce que les investisseurs sont confrontés au fait que le prix de leur actif est biaisé : c’est également un aveu flagrant de leur erreur d’appréciation.
Car en général, une baisse du marché s’auto-réalise à cause … de la hausse précédente !
Pour mieux comprendre, considérez le marché comme un balancier. Il oscille de gauche à droite, mais ne reste jamais au milieu, à cause de l’inertie de son mouvement.
Et bien c’est la même chose pour le cours des actions. Ils passent de « sous-évalués » à « surévalués », mais ne s’arrêtent jamais à l’étape du « juste prix ».
Comme nous l’avons vu précédemment, ces mouvements sont causés alternativement par un positivisme extrême et un pessimisme excessif.
Lorsque le marché porte ses lunettes roses, les investisseurs sont plus enclins à prendre des risques et à acheter davantage d’actions, même celles de moindre qualité, car ils pensent que tout se passera pour le mieux et que ne pas être sur le marché est une véritable erreur.
Et il est sincèrement difficile de lutter contre une telle force : comment pouvez-vous argumenter que ne pas investir est la bonne décision quand tous vos amis autour de vous gagnent de l’argent tous les jours ?
Cette ambiance malsaine persuade les derniers résistants de monter à bord, mais une fois qu’il n’y a plus personne à convaincre, qui va acheter les actions ?
Réponse : personne
Parce que lorsque les prix cessent d’augmenter, les gens commencent à se demander si les derniers étaient justes, à se poser des questions, puis à paniquer en se rendant compte des abus qui ont été commis.
« On ne rattrape pas un couteau qui tombe » est l’expression parfaite pour décrire la situation, car la chute des prix est la conséquence d’un marché où il existe une foule de vendeurs, mais aucun acheteurs.
D’un point de vue philosophique, un krach serait là pour gommer les excès précédents du marché, et pour que les choses redeviennent normales.
Hélas, les krachs boursiers font parti intégrante de la vie de l’investisseurs et sont inévitables.
Pour comprendre pourquoi investisseurs continuent à payer le prix fort en bourse, je vous propose maintenant de voir en détail comme se déroule un cycle économique.
II/ Comment savoir si le marché va s’effondrer ?
Dans cette section, je vais vous montrer le secret que personne ne connaît pour prédire les fluctuations de la bourse.
Il provient de civilisations antiques, et a été oublié pendant des années.
Le secret est le suivant : c’est impossible, ne perdez pas de temps à essayer !
Vous riez peut-être (ou … peut-être pas en fait), mais vous seriez surpris de voir à quel point certains investisseurs essaient de deviner de quoi sera faite l’année suivante.
Personne ne peut prédire les éléments exogènes qui vont mettre le feu aux poudres.
Au lieu de vous donner la formule magique, je vais énumérer différents signaux d’alarme intemporels que vous pouvez utiliser pour comprendre le contexte propice à un krach, et prendre des mesures en temps réel.
Un Sentiment « bullish » général fort
Cela inclut :
- une période prolongée de hausse du cours des actions et un optimisme excessif
- des ratios cours/bénéfices élevés et de faibles rendements de la dette en difficulté.
- des records sont battus
Comme j’ai commencé à l’expliquer précédemment, un marché haussier est toujours une question de prix élevés, compte tenu de la situation actuelle.
Vous pouvez argumenter que j’ai tort, en raison du crash pandémique qui se produira en février/mars 2020, mais je vais revenir sur cet exemple en détail plus loin pour vous montrer qu’il soutient mon point de vue.
C’est le conseil le plus basique, mais n’oubliez jamais que plus on est haut, plus la chute sera difficile.
Ce n’est pas de la finance, c’est de la science : vous devriez remercier Isaac Newton pour cela.
Déréglementation financière
Cela inclut :
- l’ingénierie financière devient (trop) créative
- les lois sont assouplies et/ou de la corruption apparait
- de la dette est utilisée à des fins de levier
Lorsque le marché est hystérique, on constate que de nombreux acteurs financiers, tels que les banques ou les agences de notation de crédit, modifient leurs propres politiques internes pour développer leurs activités.
Au cours des années précédant 2008, les banques ont commencé à abaisser le seuil de revenu nécessaire pour contracter un prêt hypothécaire, tandis que Standard’s & Poors et Moody’s truquaient la notation de la dette qui leur est soumise, afin de satisfaire les émetteurs.
De plus, les investisseurs commencent à utiliser de plus en plus l’effet de levier, afin de se remplir les poches grâce à l’envolée du marché. Bien entendu, cela se termine mal et peut conduire à la faillite de certaines banques, car les fonds ne peuvent couvrir leurs pertes.
Pour approfondir ces sujets, je vous conseille de regarder le film « The Big Short » d’Adam McKay et de vous renseigner sur la récente affaire concernant Archegos et Crédit Suisse.
Obsession têtue
Cela inclut :
- des prévisions économiques agressives et l’extrapolation des tendances passées.
- « Cette fois, c’est différent », « Qu’est-ce qui pourrait mal tourner de toute façon » ou « Tout va bien se passer ».
- l’expression de certitudes par l’utilisation de mots tels que « toujours », « jamais », « c’est certain », « c’est impossible » ou tout autre terme similaire.
Je ne sais pas pourquoi on parle d’un bull market (un « marché de taureaux »). On devrait plutôt parler d’un donkey market (un « marché d’ânes »).
Lorsque les gens en arrivent à un point où leurs lunettes roses les rendent aveugles, il est temps de sortir par la petite porte.
N’oubliez pas que trop se fier aux prévisions est une mauvaise stratégie d’investissement, car tous les analystes du monde entier disposent des mêmes données. Puisque tout le monde partage les mêmes données, il faut les remettre en question.
Le principal problème de ce type d’environnement est que l’on y est facilement influençable et que l’on ne développe pas forcément son sens critique. Vous devez être capable de voir le monde par un angle pragmatique et non émotionnel.
Suivre les « extrémistes » est probablement une erreur, surtout quand on ne sait pas ce que l’on fait : cherchez toujours la vérité par vous-même.
Tout le monde veut sa part du gâteau
Cela inclut :
- des personnes qui n’étaient pas impliquées dans le marché auparavant commencent à acheter des actions.
- les politiques font des prédictions audacieuses sur les marchés financiers
- des traders vedettes et des gourous du marché apparaissent sur Internet.
Il est amusant de voir avec quelle facilité les gens peuvent se contredire. Lorsque vous êtes une personnalité publique ou une figure d’autorité, il est difficile de résister à la pression et de dire quelque chose qui va à l’encontre de ce qui se passe.
Les booms du marché profitent à l’industrie financière. On commence à parler de la bourse à la télévision, et votre chauffeur d’Uber vous dit qu’il a acheté des actions Tesla et des bitcoins, attendant l’occasion de faire un « coup » ( !!!).
C’est triste à dire, mais beaucoup de choses sont dites pendant ces périodes par des personnes sous-éduquées. Les personnes sceptiques ne sont jamais mises en avant et sont même considérées comme des « rabats-joie ».
Pourtant ce sont elles qui ont probablement raison.
III/ Que faire avant un krach boursier
Si un krach boursier est dû à des investisseurs fous qui paient trop chères pour des actions, cela ressemble à une opportunité.
En général, je ne suis pas d’accord pour dire que l’investissement est un jeu à somme nulle.
Mais je dois admettre que, parfois, l’acheteur ou le vendeur profite de la transaction plus que l’autre.
Dans ce cas, la stratégie la plus évidente serait de vendre toutes vos actions avant que le marché ne s’effondre.
Bien qu’il s’agisse en théorie d’un conseil de bon sens, il ne fonctionne tout simplement pas.
Dans cette section, nous allons nous pencher sur ce que vous devriez faire pour vous préparer aux turbulences du marché et sur la manière de différencier les actifs que vous devez vendre de ceux que vous devez conserver.
Pourquoi tout laisser tomber est une mauvaise idée…
Vous pourriez envisager de détenir un portefeuille 100% en cash, sans actions, ni obligations, ni rien d’autre.
Mais faire cela nécessite de deviner le moment exact où le marché va baisser.
Rappelez-vous que :
a) Vous ne pouvez pas prédire l’avenir
b) Votre cœur joue contre votre cerveau
Voilà le scénario qui a le plus de chance de se produire :
- « C’est fini, je largue tout ! »
- « Ok, le marché n’a pas vraiment bougé, mais soyons patients ».
- « Si seulement j’avais eu le courage de conserver mes actions plus longtemps… mais c’est fait maintenant, ne craque pas sous la pression ».
- « Mince j’avais tellement tort, j’ai perdu tellement d’opportunités, accélérons le rythme et rattrapons le temps perdu. Je vais être super agressif pour compenser ! »
Et vous savez comment ça va se terminer ?
« Ci-gît un investisseur téméraire qui pensait pouvoir être plus malin que le marché ».
Au risque de me répéter : ne tombez pas dans le travers de vouloir devancer le marché.
… mais pourquoi vous devriez quand même alleger votre portefeuille.
Gardez à l’esprit que, du point de vue du vendeur, un marché haussier enragé est une formidable opportunité de se faire payer plus cher.
Et vous devez absolument la saisir.
Voici une checklist de ce dont vous devriez vous débarrasser :
- Les actions de moindre qualité : lors d’un krach boursier, celles-ci plongeront plus vite que tout le reste, car les investisseurs chercheront la sécurité, car ils deviennent averses au risque. En général, les actions des sociétés fortement endettées ou dont l’historique de rentabilité est chaotique seront les plus touchées.
- Les actions à la mode qui ont connu une forte hausse sur une courte période : bien que cela puisse parfois concerner les actions ci-dessus, elles sont en fait plus sensibles au sentiment du marché, et concernent souvent les actions technologiques. Zoom et les autres sociétés « liées à la pandémie » peuvent être de bonnes valeurs, mais les investisseurs surestiment probablement leur potentiel en raison du contexte actuel.
- Les valeurs financières ou autres valeurs liées au marché : il va sans dire que les banques, les assurances ou les sociétés de gestion d’actifs souffrent lorsque les conditions financières se détériorent. De même, souscrire à une introduction en bourse pendant une bulle boursière ne peut que vous conduire à la désillusion.
Gardez le reste, et laissez passer l’orage. N’oubliez pas qu’en investissant, vous vous engagez sur le long terme.
Y a-t-il quelque chose que je puisse faire activement pour me protéger ?
Vous avez peut-être entendu parler de la vente à découvert.
Cela ne semble-t-il pas génial ? Vous pourriez gagner de l’argent pendant que le marché baisse.
Il suffit donc de vendre des actions à découvert et d’attendre que le krach se produise, n’est-ce pas ?
Oui, mais… Non.
Désolé de briser vos rêves de trader, mais je veux que vous obteniez des résultats concrets, pas que vous vous amusiez.
Je ne vais pas entrer dans les détails du 130/30 et expliquer pourquoi c’est une mauvaise idée et qu’il faut la laisser aux professionnels.
La pratique de la vente à découvert n’est de toute façon pas facile pour les investisseurs particuliers, car l’expérience a prouvé que nous sommes vraiment mauvais dans ce sport.
Vous pourriez également envisager d’acheter des produits dérivés qui répliquent la vente à découvert. Un ETF célèbre pour cela en France est le Lyxor BX4, qui réplique le CAC 40 avec un multiple de -2.
Mais cela implique également des discussions sur les mathématiques, les ratios aigus et la théorie de la gestion de portefeuille qui sont trop longues pour être incluses ici.
Si ce sujet vous intéresse vraiment, faites-le moi savoir en m’envoyant un email : Je serai heureux de vous lire !
Je comprends que tout cela soit tentant, mais il faut être suffisamment discipliné : les krachs boursiers se produisent à cause de la cupidité. Je veux que vous protégiez votre argent, alors ne faites rien de stupide parce que vous vouliez être plus malin que le marché.
IV/ Oui, nous sommes dans un marché baissier : que dois-je faire maintenant ?
Les cours s’effondrent, la volatilité explose et les autorités financières décident de fermer la bourse.
Nous y sommes. Voilà ce qu’il se passe lors d’un krach boursier.
Que devez-vous faire maintenant ?
La première chose à garder à l’esprit est la suivante : si vous avez confiance dans les actifs que vous avez achetés, au prix auquel vous les avez achetés, alors ne bougez pas.
Cette section relève plus de la psychologie que de la finance, car tout ce que vous pouvez faire à ce stade est d’attendre que la tempête passe.
Le roseau plie mais ne rompt pas
Je suis sûr que vous avez entendu cela 1001 fois. Mais je dois le répéter encore une fois.
Si vous détenez des actions, c’est pour longtemps.
Les gains à long terme sont bien plus importants que ce que vous pourriez gagner en spéculant à court terme.
Et oui, cela a été prouvé.
Les meilleures actions, qui n’étaient pas surévaluées, se retrouvent toujours au-dessus de leurs prix d’avant-crise.
Par exemple, regardez Apple et Microsoft : ces entreprises sont toujours sur le marché, et la bulle des années 2000 ne les a pas empêchées de prospérer.
En fin de compte, un krach boursier est éphémère. La richesse, elle, est éternelle. S’agiter ou rester tranquille ne fera aucune différence.
Et oui, je sais combien il est difficile de voir la valeur de votre portefeuille fondre sous vos yeux, avec chaque ligne de votre écran marquée d’un rouge vif.
Mais je n’ai toujours qu’un seul conseil. Soyez courageux. Soyez fort psychologiquement. Gardez votre sang-froid. Tout va bien se passer.
Apprendre en temps réel lors d’un krach boursier
Vous ne changerez peut-être pas la stratégie de votre portefeuille, mais cela ne signifie pas que vous ne ferez rien !
Un krach boursier ne se produit qu’une fois par décennie. Vous ne devez pas manquer cette occasion d’apprendre.
Investir est un marathon, pas un sprint. Pour surperformer le marché, vous devez continuer à améliorer vos compétences.
J’ai une théorie personnelle, qui est la suivante : quand tout s’effondre, il y a toujours un actif qui monte. J’illustrerai ce point en me basant sur la crise de la Covid-19.
Pour chaque situation, je crois qu’un actif, en particulier, se trouve être plus intéressant que tout le reste.
On peut le voir comme une assurance : on achète quelque chose pour se protéger d’un événement indésirable.
Cela s’est constaté pendant la crise de 2008, avec le prix des CDS (credit default swaps).
Un credit default swap (CDS) est un produit financier dérivé qui permet à un investisseur « d’échanger » son risque de crédit avec celui d’un autre investisseur.
Par exemple, si un prêteur craint qu’un emprunteur ne fasse défaut sur un prêt, il peut utiliser un CDS pour compenser ce risque.
Pour échanger le risque de défaillance, le prêteur achète un CDS à un autre investisseur qui accepte de rembourser le prêteur en cas de défaillance de l’emprunteur.
La plupart des contrats de CDS sont maintenus par le paiement d’une prime continue, similaire aux primes régulières dues sur une police d’assurance.
Alors, à votre avis, que s’est-il passé lorsque certaines banques ont commencé à annoncer qu’elles souffraient de défauts de paiement sur les prêts hypothécaires ?
Réponse : le prix des CDS a explosé.
Si vous aviez en acheté un au début de 2007, vous seriez devenu très riche.
D’ailleurs, c’est exactement ce qui se passe dans « The Big Short ». Vous devez vraiment regarder ce film si vous vous intéressez à la finance.
En prêtant attention au marché, vous comprendrez beaucoup mieux quelle classe d’actifs réagit à quelle situation, et la prochaine fois que vous comprendrez que quelque chose va se produire, vous pourrez acheter les bons actifs avant que la fête ne commence.
VI/ Exemples de l’effondrement du marché lié au coronavirus
Si vous avez une certaine expérience en matière d’investissement, vous devriez être surpris à ce stade
Je n’ai pas encore parlé des valeurs refuges.
La raison en est que, bien qu’elles existent en théorie, elles ne font pas toujours leurs preuves lorsque la température grimpe sur les marchés.
Je vais vous expliquer cela à travers l’exemple du krach boursier lié à l’apparition de la Covid-19
Etait-ce vraiment un krach boursier ?
De la mi-février 2020 à la mi-mars 2020, les indices boursiers mondiaux ont chuté de plus de 30 %.
Les 9, 12 et 16 mars, l’indice industriel Dow Jones a respectivement chuté de 7,8 %, 10,0 % et 12,9 %, soit les plus fortes pertes journalières enregistrées depuis 2008.
Dans le même temps, la volatilité a bondi. L’indice VIX (également connu sous le nom d’indice de peur) est passé de 13,68 le jour de la Saint-Valentin à un sommet de 66,04 un peu plus d’un mois plus tard. Encore une fois, ces niveaux n’avaient pas été vus depuis 2008.
Et bien sûr, tout le monde a paniqué et vendu ses actions au rabais.
Selon la définition que je vous ai donnée plus tôt, il sera évident que nous avons vécu un krach boursier, même si le marché s’est redressé en à peine un an.
Et les gagnants sont…
Pour les étudiants en finance, cette étude de cas était une excellente occasion de remettre en question ce que l’on appelle les valeurs refuges, et de mettre le bitcoin, une crypto-monnaie qui a gagné en popularité au cours de la décennie, à l’épreuve.
Oubliez l’or, les crypto-monnaies ou les actions dites « défensives ».
Lorsque les choses vont mal, cash is king.
Le graphique ci-dessus montre l’évolution du prix de trois catégories d’actifs du 1er février au 1er mai. Ils sont composés :
- Des monnaies : l’euro, le franc suisse et le yen japonais contre le dollar.
- Des actifs « phygitaux » : l’or et le bitcoin. Bien que les crypto-monnaies incluent le terme « monnaie » dans leur définition, elles sont plus proches de l’or et fonctionnent davantage comme celui-ci.
- Des titres de créance : les obligations américaines à 10 ans, qui bénéficient du privilège impérial.
Ce que nous observons à partir de ce graphique est le suivant :
- Les devises sont restées relativement stables entre elles, sans variation anormale.
- Les prix de l’or et du bitcoin ont baissé. Bien que l’or se soit redressé d’un peu plus de 6 %, il a perdu son avantage initial, perdant alors 6,26 % au 18 mars. Après avoir résisté dans des proportions similaires, le bitcoin a trébuché en raison d’un manque de confiance et a perdu jusqu’à 45% de sa valeur.
- Au plus fort de la tempête, la valeur des obligations américaines à 10 ans a triplé, ce qui prouve qu’en période de turbulences, les investisseurs apprécient les actifs que l’on considère comme « near-cash » et sans risque. Cette situation est exacerbée par le fait que le rendement des obligations allemandes à 10 ans, l’équivalent européen en termes d’actif quasi sans risque, était (et est toujours, au moment d’écrire ces lignes) négatif.
Avant que vous ne posiez la question, cela s’est également produit en 2008, bien que la décision de la banque centrale de réduire les taux d’intérêt ait contribué à ce phénomène.
Alors, dois-je me précipiter sur les obligations d’État pour me protéger d’un krach boursier ?
Les raisons pour lesquelles les obligations deviennent si attrayantes dans un marché baissier sont multiples :
- Il s’agit d’un revenu fixe, ce qui signifie que, quoi qu’il arrive à l’économie, les investisseurs sont presque assurés de recevoir un flux de trésorerie.
- Les investisseurs ont tourné le dos aux obligations pendant le marché haussier, et ont vendu de la dette pour acheter des actions.
- Elles sont considérées comme étant sans risque, puisque personne n’imagine que la France, l’Allemagne ou les États-Unis fassent un jour défaut. Pourtant, je pense que c’est une croyance erronée, mais nous en discuterons un autre jour.
Il n’en reste pas moins qu’elles ne sont pas la réponse par défaut à un krach boursier : tout dépend de la cause de ce krach.
Les obligations sont un excellent moyen de se protéger des événements d’origine économique, car les banques centrales sont susceptibles de baisser leurs taux pour stimuler l’économie.
Mais il serait imprudent d’acheter des obligations si les problèmes proviennent de la politique monétaire.
Si vous l’aviez fait dans les années 70, votre portefeuille aurait été anéanti. L’augmentation du rendement des obligations, causée par l’inflation en cours, aurait infligé des pertes supérieures à celles que vous auriez pu attendre des actions.
Pour conclure, il n’y a pas de réponse par défaut à un krach boursier. Il y a des modèles que l’on peut reconnaître, mais toutes les situations ne sont pas les mêmes. C’est votre capacité, en tant qu’investisseur, à comprendre ce qui se passe et à agir au bon moment, sans paniquer, qui vous permettra de réaliser des gains supérieurs.
Et l’assurance vie dans tout ça ?
Je ne suis pas un spécialiste en matière d’assurance vie, mais de nombreux investisseurs juge qu’investir dans des fonds en euros les préservera d’un krach boursier, sous couvert que la valeur de leur assurance vie est garantie jusqu’à 70 000€ en cas de faillite de l’intermédiaire financier.
Ne soyez pas si naïf : en cas de chute brutale ou de crise économique grave, aucun des placements proposés par votre banquier ne saura protéger votre capital.
De toute manière, si vous avez investi dans un placement pour financer votre retraite, comme l’assurance vie par exemples, cela signifie que votre capital devrait rester bloqué pendant quelques années, disons au moins 5 ans.
Bonne nouvelle : l’histoire nous a montré que cet interval de temps étaient suffisant pour que les marchés boursiers se redressent. Ne rien faire reste toujours la meilleure des solutions.
Conclusion
Investir en bourse, c’est gagner de l’argent, pas le protéger. Si vous êtes un investisseur individuel et que vous ne voulez pas que votre épargne perde de sa valeur lorsque la bourse s’effondre, alors vous devriez la laisser au chaud, sur un livret de votre banque : la robustesse psychologique est une condition préalable pour prendre les bonnes décisions en matière d’investissement.
Après avoir lu cet article, vous devriez être convaincu qu’un krach boursier est, contre toute attente, une excellente occasion pour un investisseur d’acheter des titres aux fondamentaux étonnants, à un prix réduit unique qui ne vous sera probablement plus jamais proposé.
Mais repérez ces opportunités ne se fait pas du jour au lendemain. Il s’agit d’un vrai travail à temps plein. C’est pour cela que je partage gratuitement, avec mes lecteurs, l’analyse d’une entreprise chaque semaine dans ma newsletter, que je vous invite à rejoindre ci-dessous.