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Ecrit par : Adrien Aïach

Publié le : 10/10/2022

Le caillou dans la chaussure Nike

Temps de lecture : 4 minutes

"Où faut-il investir en 2023 ?

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Dans cette nouvelle édition de Secrets de Stock-Picking, voici ce que vous devriez retenir de Nike pour devenir un meilleur investisseur !

🔍 Que se passe-t-il chez Nike ?

Nike a présenté ses résultats trimestriels le jeudi 29 septembre 2022.

Son bénéfice net trimestriel a baissé de 21,66%, à cause d’une hausse des coûts opérationnels.

Mais les investisseurs ne savent pas sur quel pied danser.

Car le chiffre d’affaires a lui progressé de +3,58%, marquant un troisième trimestre de hausse consécutive.

Une performance modeste, mais honorable, dans un contexte difficile.

Alors, que faut-il en penser ?

Plusieurs éléments macroéconomiques ont eu un impact négatif sur les résultats de Nike.

Tout d’abord, la hausse du dollar.

Nike réalise en effet plus de 55% de son chiffre d’affaires en dehors de l’Amérique du Nord, ce qui signifie qu’un dollar fort est une mauvaise chose pour son chiffre d’affaires.

Si la bonne forme du billet vert favorise les entreprises américaines importatrices, elle pénalise les sociétés exportatrices, comme Nike.

Cela rend le prix des biens américains plus cher et réduit le montant que gagne Nike lorsque ses ventes à l’étranger sont reconverties en dollars.

Ensuite, le ralentissement de l’activité en Chine.

Les ventes de Nike dans l’Empire du Milieu sont en baisse de -16,45% à cause des mesures de confinement excessives et d’une politique sanitaire stricte.

Dans certaines villes, les salles de sport sont encore fermées, ce qui tire la demande du pays vers le bas.

Cette tendance baissière est unique, alors que les autres zones géographiques présentent des chiffres satisfaisants (+12,93% en Amérique du Nord) et que la Chine ne représente que ~14% des ventes de Nike.

Enfin, la hausse des stocks.

Nike anticipait que les perturbations logistiques allaient se prolonger.

En conséquence, l’entreprise avait passé de plus grosses commandes à ses usines.

Mais lorsque les tensions sur les chaines d’approvisionnement se sont apaisées, la marque à la virgule s’est retrouvée submergée par les stocks, qui ont connu une augmentation de +44%.

Nike doit désormais liquider cette marchandise à grands coups d’opérations promotionnelles, ce qui rogne encore plus le chiffre d’affaires.

Face à ces problèmes, le cours de l’action Nike a perdu -12,80%, le jour de l’annonce des résultats.

Mais en creusant un peu, j’ai trouvé quelque chose d’intéressant.

🤔 Pourquoi est-ce important ?

Comme l’a affirmé John Donahoe, le PDG de Nike, la demande pour les produits de l’entreprise est plus forte que ce qu’elle n’en a l’air.

Malheureusement, Nike n’a pas fourni de chiffres pour soutenir cet argument.

C’est une grosse erreur, car les investisseurs s’inquiètent d’une probable récession et d’un ralentissement des ventes.

Je vais donc sortir ma calculatrice et vérifier moi-même les déclarations de John Donahoe.

Mon objectif est de déterminer la part de la hausse des volumes de ventes dans la hausse du chiffre d’affaires.

Mes résultats sont imprécis car il ne s’agit que d’estimations sur la base des données disponibles.

Néanmoins, c’est le raisonnement qui est important.

On peut déterminer la variation du chiffre d’affaires (notée “∆”, pour “delta”) grâce à la formule suivante :

∆ Chiffre d’Affaires = ∆ Volume des Ventes x ∆ Prix x ∆ Taux de Change.

Or, nous connaissons déjà ∆ Chiffre d’Affaires (+ 3,58%), et nous souhaitons déterminer ∆ Volume des Ventes.

Cela est possible en modifiant la formule :

∆ Volume des Ventes = ∆ Chiffre d’Affaires / (∆ Prix x ∆ Taux de Change)

Calculons ∆ Prix.

On s’aperçoit que le bénéfice brut n’a pas bougé d’un pouce alors que le coût des marchandises vendues a bondi de 520 millions de dollars.

Cela me permet d’affirmer que Nike a parfaitement répercuté la hausse de ses coûts sur ses clients et qu’une partie de la croissance de son chiffre d’affaires est simplement liée à la hausse des prix.

Si l’on compare ces $520 M aux ventes trimestrielles de $12 248 M de l’année précédente, cela nous donne une estimation d’environ + 4,25% pour ∆ Prix.

Ensuite, calculons ∆ Taux de Change.

Nike estime qu’à taux de change constant, sa croissance aurait été de l’ordre de 10%.

Cela représenterait un chiffre d’affaires de ~$13 473 M (contre $12 687 M publié).

Il est donc possible de chiffrer l’impact négatif du taux de change à -$786 M.

Si l’on compare ces -$786 M aux ventes trimestrielles de $12 248 M de l’année précédente, cela nous donne une estimation d’environ – 6,42% pour ∆ Taux de Change.

Nous avons donc :

∆ Chiffre d’Affaires = + 3,58%

∆ Prix = + 4,25%

∆ Taux de Change = – 6,42%

Et cela nous donne une estimation d’environ + 6,17% pour ∆ Volume des Ventes.

J’en conclus donc que la demande pour les produits Nike est toujours intense, et que ses résultats décevants sont exclusivement causés par le mauvais contexte macroéconomique.

💵 Comment investir intelligemment ?

On dit que les chiffres ne mentent pas. On peut cependant leur faire dire ce que l’on veut.

Les données financières sont disponibles pour tout le monde, mais pour comprendre ce qu’il se passe réellement, il vous faudra faire des efforts supplémentaires.

Car vous ne pouvez pas battre le marché en faisant la même chose que les autres investisseurs.

💡 Si besoin, retraitez les éléments comptables. Cela est parfois nécessaire pour comprendre ce qu’il se passe réellement dans l’entreprise.

Mais il existe un risque.

De nombreuses entreprises n’hésiteront pas à vous présenter des comptes “à taux de change constant” ou “à périmètre constant” pour vous présenter une situation meilleure que la réalité.

Ce n’est que de la communication : n’oubliez jamais que ces données financières sont hypothétiques.

Je ne dis pas que les résultats de Nike sont bons, je souligne simplement une dynamique encourageante.

Mais au final, tout ce qui compte, c’est le résultat net.

💡 Méfiez-vous des pratiques comptables créatives ou de l’usage abusif d’agrégats financiers comme “EBITDA” ou “Résultat Opérationnel”.

Le contexte macroéconomique impacte aussi les concurrents de Nike et tout le monde est logé à la même enseigne.

Les problèmes de taux de change ou de surplus de stocks concernent également Adidas, Puma ou encore Under Armour.

Et ces concurrents vont eux aussi devoir baisser leurs prix pour liquider leurs stocks.

Finalement, ces promotions pourraient être bien accueillies par les consommateurs en ces temps difficiles.

💡 Pensez à regarder ce qu’il se passe chez la concurrence. Les investisseurs doivent se montrer indulgent lorsque la gestion de l’entreprise n’est pas remise en cause.

💥 Le mot de la fin

Nike s’affiche comme une valeur de croissance. Elle est valorisée comme telle mais est, en ce moment, pénalisée par plusieurs facteurs macroéconomiques.

L’action reste trop chère selon moi, et ce, malgré une baisse de 47,07% de son cours depuis le début de l’année.

A propos de l'auteur

Je suis Conseiller en Investissements Financiers indépendant, membre de l'ANACOFI et immatriculé à l'ORIAS sous le numéro 22005691.

Je suis passionné par le monde de la bourse depuis une dizaine d'année j’aide les stock-pickers à battre le marché pour qu’ils puissent consacrer leur temps et leur énergie à ce qui compte vraiment pour eux.

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